Austin Butler : «Pendant le tournage, je m'endormais et me réveillais avec Elvis» (2024)

Cinéma

Austin Butler : «Pendant le tournage, je m'endormais et me réveillais avec Elvis» (1)

Interview Fabrice Leclerc , Mis à jour le

À 30 ans, Austin Butler explose en incarnant Elvis Presley devant la caméra de BazLuhrmann. Dans un mimétisme troublant, il est un King parfait sur près de trois décennies. Rencontre avec une nouvelle star.

Paris Match. À seulement 30 ans, vous avez choisi un rôle quasi impossible à porter pour un acteur. Vous vous sentiez les épaules assez larges pour interpréter Elvis Presley ?
Austin Butler. Je ne vais pas vous dire que je n’ai pas vécu avec ce poids, c’est évident. Parfois, je me réveillais en plein milieu de la nuit, terrifié à l’idée de ce qui m’attendait. Mais le travail m’a sauvé, en quelque sorte. Pendant les phases de répétition, dans ce long processus de préparation, la peur disparaissait. Chaque rôle, n’importe quel personnage, est un défi pour un acteur quand il s’agit d’appréhender sa complexité et ses failles. Mais avec Elvis, vous devez vous confronter à une icône sur laquelle chacun a un avis, que chacun perçoit à sa façon. Il est tellement emblématique de notre culture… Mais bon, ce travail dantesque était aussi un plaisir d’acteur.

Austin Butler : «Pendant le tournage, je m'endormais et me réveillais avec Elvis» (2)

Était-il un personnage qui vous intéressait avant que Baz Luhrmann vous le propose ?
Bizarrement, quelques semaines avant que j’apprenne l’existence du projet, deux de mes amis m’avaient dit qu’un jour je devrais jouer Elvis. C’était peut-être un signe, je ne sais pas. Mais l’idée a fait son chemin.

La suite après cette publicité

Comment s’est passé le casting ?
Rien ne se passe normalement avec Baz Luhrmann. Quand j’ai su qu’il préparait le film, je lui ai envoyé une vidéo de moi en peignoir, en train de chanter du Presley. Nous nous sommes rencontrés et cinq mois de travail et d’exploration ont suivi. Dans une audition normale, vous présentez une prestation. Mais avec Baz, il faut s’apprivoiser, travailler, aller chercher quelque chose. Nous passions des jours à lire une scène, à en parler, à trouver des idées. Parfois, il prenait sa caméra, essayait un truc. Puis le soir, il me disait : “Tu peux revenir demain pour me chanter ‘Suspicious Minds’ ?” Alors je rentrais chez moi et je passais la soirée à apprendre la chanson… Puis, seulement après ces mois de recherche, j’ai fait un premier test filmé qui allait être présenté au studio. C’est là vraiment que la tension est apparue. Car je ne savais toujours pas si j’allais être choisi…

La suite après cette publicité

"

J’ai appris à chanter comme lui, à parler comme lui, à me mouvoir comme lui

"

Le tournage du film en Australie, interrompu par le Covid, n’a pas été de tout repos. Comment avez-vous vécu cette période ? Baz Luhrmann nous a dit que vous ne quittiez jamais vraiment votre personnage…
J’avais tellement travaillé en amont que je savais déjà ce que je devais faire sur le tournage. J’ai appris à chanter comme lui, à parler comme lui. Et, avec l’aide d’une coach, à me mouvoir comme lui. J’avais analysé jusqu’à son posé de main et ses évolutions corporelles dans les différentes parties de sa vie. J’avais l’impression d’avoir gravi l’Everest. La production s’est arrêtée pendant plusieurs mois, avant même que nous ayons commencé à tourner. J’ai choisi de rester en Australie et de continuer à bosser. Ce délai supplémentaire et imprévu a finalement eu du bon. Mon Elvis d’avant cette pause aurait sûrement été moins fidèle. Puis est arrivé le moment des premières scènes, le concert du CBS Special, où j’ai dû, quelque part, oublier toute ma préparation.

Pour quelle raison ?
Baz m’a demandé de chanter en direct pendant ces prises. J’étais comme Elvis : je remettais tout en jeu, d’un seul coup. Pendant le reste du tournage, je me suis fait un planning quotidien, je me réveillais et m’endormais en écoutant la voix d’Elvis. J’apprenais par cœur des interviews télévisées qu’il avait faites et je les rejouais dans mon salon, mot pour mot. Car en trente ans sa voix a, elle aussi, évolué. Je ne pouvais pas trop retrouver Austin entre les prises à ce moment-là. Il fallait que je reste avec Elvis. Une fois le tournage terminé, j’avais perdu contact avec moi-même, je ne savais plus trop qui j’étais. Le lendemain de la dernière prise, mon corps m’a lâché et j’ai dû être hospitalisé brièvement…

La suite après cette publicité

La suite après cette publicité

"

Elvis était un vrai rebelle. Il avait aussi une vraie conscience politique

"

Le film n’est pas tant un biopic qu’une peinture sociale et politique de l’Amérique sur trois décennies. Qu’est-ce qu’Elvis représentait, selon vous, de ce pays en pleine mutation morale et économique ?
J’ai évidemment été séduit par le propos de Baz et j’ai même appris beaucoup de choses sur Elvis en préparant le rôle. J’ai passé des jours entiers à tout lire sur lui, à regarder tout ce qui avait été filmé. Et j’ai compris une chose : Elvis n’aurait jamais existé sans l’apport de la musique et de la culture afro-américaines. De son enfance qu’il a vécue, lui le petit Blanc, dans un quartier noir, jusqu’à l’émergence du mouvement des droits civiques, j’ai compris qu’il était le personnage parfait pour projeter l’histoire américaine de cette période. C’était aussi un vrai rebelle. Il a osé affronter la pudibonderie de l’époque, affirmer une certaine sexualité. Et il avait aussi une vraie conscience politique, sans être pour autant un activiste pur, comme pouvait l’être Brando à cette époque. Mais s’il ne parlait pas forcément à voix haute, il chantait. Des chansons à message, comme “If I Can Dream” ou “In the Ghetto”. C’était sa manière de militer. Enfin, il y a cette relation avec Parker, son manager. Une sorte de père spirituel, celui qui manquait à Elvis, qui va pourtant le manipuler et tirer avantage de lui en en faisant un produit.

"

Priscilla a aimé le film et ses mots m’ont bouleversé

"

Pour un jeune acteur comme vous, se retrouver entre Baz Luhrmann et Tom Hanks, qui incarne le colonel Parker, a dû être une expérience unique, non ?
La réputation de cinéaste génial de Baz n’est plus à faire, mais j’ai découvert à quel point il pouvait être aussi un conteur. Et un mec délicieux. Je ne pouvais qu’avoir confiance dans son approche pas forcément conventionnelle d’Elvis. Et, surtout, observer Baz en train de tourner était vraiment impressionnant. C’est un créateur en constante évolution, qui a une idée à la minute, qui ose constamment des choses. Le film a ainsi grandement évolué entre la préparation, le tournage et le montage. Quant à Tom, je suis fan de lui depuis mon enfance, quand je le regardais dans “Forrest Gump”, “Big” ou “Seul au monde”. Il est un peu notre maître à tous. En même temps, il n’y a pas plus drôle, plus accueillant et plus bienveillant que lui sur un plateau. Avec Tom, on est un peu comme à la maison.

Lire aussi. Austin Butler confie avoir été hospitalisé après le tournage d'«Elvis»

Priscilla Presley a vu le film il y a quelques semaines avec sa fille et sa petite-fille. Et leurs réactions ont dû être importantes pour vous…
J’étais en larmes. Car leur avis était celui qui m’importait le plus. Priscilla a aimé le film et ses mots m’ont bouleversé. Je voulais qu’elle soit fière de ce que nous avons fait. Car notre but était de rendre justice à Elvis et, par ricochet, à sa famille.

Lire aussi. Tom Hanks, Austin Butler et Baz Luhrmann dévoilent leur «Elvis» à Cannes, face à Priscilla Presley

Il y a une dernière scène troublante où Elvis et vous ne faites plus qu’un… Qu’avez-vous ressenti ?
C’est l’une de ses dernières apparitions. Je me souviens de cette scène, je ressentais un trouble physique, car j’étais engoncé dans le costume d’Elvis, très serré, j’avais du mal à reprendre mon souffle. Comme lui, à l’époque. La chanson “Unchained Melody” est celle que j’avais envoyée à Baz il y a trois ans quand j’ai postulé pour le rôle… Une belle façon de boucler la boucle !

Austin Butler : «Pendant le tournage, je m'endormais et me réveillais avec Elvis» (3)

« Elvis », de Baz Luhrmann, sortie le 22 juin.

Austin Butler : «Pendant le tournage, je m'endormais et me réveillais avec Elvis» (2024)

References

Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Chrissy Homenick

Last Updated:

Views: 6428

Rating: 4.3 / 5 (54 voted)

Reviews: 93% of readers found this page helpful

Author information

Name: Chrissy Homenick

Birthday: 2001-10-22

Address: 611 Kuhn Oval, Feltonbury, NY 02783-3818

Phone: +96619177651654

Job: Mining Representative

Hobby: amateur radio, Sculling, Knife making, Gardening, Watching movies, Gunsmithing, Video gaming

Introduction: My name is Chrissy Homenick, I am a tender, funny, determined, tender, glorious, fancy, enthusiastic person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.